Traversée des Dolomites entre Brixen et Feltre

Avec Guillaume et Joseph, nous sommes partis de Brixen pour tenter de rallier Feltre à pied en 12 jours en empruntant le tracé de l’Alta via 2, avec quelques variantes.

 

 

Au petit matin du 21 juillet, le temps n’était pas trop engageant…

Nous en avons profité pour arpenter les belles rues de la ville de Brixen au style autrichien, découvrir le joli cloître et la belle cathédrale avant de prendre un bus pour le départ de la randonnée.

 

 

C’est sous une pluie intense que nous avons commencé ce 1er jour. Dommage car l’itinéraire qui traverse le parc naturel du Puez est magnifique. Un beau chemin de terre surplombe, dans la forêt, des alpages qui font penser à la Suisse.

Nous arrivons trempés au refuge Genova.

Le 22, après avoir pu faire sécher nos affaires et rassasiés par un bon repas, nous partons en direction du col de Roa.

 

La dernière partie est un peu raide mais ne présente aucune difficulté technique.

 

Vers 12h, le temps déjà semble menaçant, nous atteignons alors le col Forces de Sielles par lequel l’itinéraire transite pour s’élèver ensuite sur une crête (quelques câbles) qui permettent de rester à niveau et de gagner facilement le refuge Puez. Nous croisons pour la deuxième fois un groupe de jeunes belges qui s’apprêtent à dresser le camp pour le 2ème jour consécutif. Malheureusement, cette année les conditions seront peu propices au camping.

Le 23, nous traversons l’altiplano de Puez, site remarquable.

 

Plus loin, quelques trouées nous permettent d’apercevoir la Civetta, les Tofanes et le Pelmo à proximité desquels nous étions passés il y a trois ans. Après avoir franchi le col de Crespeina, nous redescendons sur le col routier du Passo Gardena, très fréquenté mais qui offre néanmoins un beau panorama.

 

Nous remontons en face et attaquons une pente plus soutenue, quelques névés et l’itinéraire bordé de câbles qui servent davantage à montrer le bon passage qu’à sécuriser véritablement des passages qui restent faciles en randonnée.

Le refuge Pisciadu situé à 2585 m est bordé d’un joli lac qui alimente un torrent dans lequel les gardiens ont ingénieusement placé une petite centrale électrique (très courant ici) qui nous permet d’avoir de l’eau chaude.

 

Depuis le refuge, les sommets semblent s’embraser au coucher de soleil. Le soir, Guillaume nous régalera de ses tours de magie. Il en profite pour présenter en avant première une version internationale de son spectacle à de jeunes espagnols et italiens médusés!

Le 24, les prévisions sont toujours aussi peu engageantes (pluie et brume). Nous attaquons au petit matin avec quelques randonneurs connus la veille. Les pentes prononcées du départ laissent place peu à peu à un vaste plateau débonnaire mais envahi par la brume.

 

Nous nous élevons vers 2900 m puis la pluie fait son apparition. Nous nous abritons au refuge Pordoi pour y manger. Guillaume et Jo décident de descendre par le teleférique jusqu’au Passo Pordoi alors que je les rejoins par le sentier.

Nous continuons en direction du Lago Fedaia. L’itinéraire en balcon offre habituellement un panorama exceptionnel sur la Marmolada.

  

Nuit au refuge Castiglioni. L’intérieur de celui-ci semble figé dans les années 30. A part la grande salle du bas, tout est resté d’époque. Le 25, nous laissons au sud la Marmolada et nous nous dirigeons vers Malga Ciapela. Nous dévions alors de l’itinéraire principal pour emprunter un sentier dans les bois. La pente devient bien raide et la terre est gorgée d’eau. Nous mangeons au Lac dei Gai, à proximité du col Negher. Dans le lac, quelques tritons alpestres simulent la mort pour mieux surprendre leurs proies. L’autre versant est moins agréable : les sentier a complètement disparu par endroits sous l’effet de ravinements et des pluies de ces derniers jours (il pleut presque sans discontinuer depuis deux mois!). Nous parvenons après une longue journée à Falcade et Canale d’Agordo, la ville natale du Pape Luciani, « le pape du sourire », dont le pontificat n’aura duré que 33 jours et 6 heures en 1978. Nous savourons un merveilleux repas et profitons de la soirée pour faire un tour de ville. Certaines granges, très anciennes ont été superbement restaurées.

 

Le 26, nous prenons un bus pour rejoindre le Passo San Pelegrino. Le sentier passe dans des tourbières et s’élève doucement dans une belle forêt de conifères. Nous surprenons un chevreuil puis parvenons sur les pâturages où quelques troupeaux de vaches semblent indifférentes à la pluie qui se fait de plus en plus intense.

 

Contrairement à d’autres régions alpines, les bergers ne sont jamais loin et veillent à leurs troupeaux. Nous gagnons le Passo Valles et après une courte halte, nous partons pour le refuge Mulaz. Nous atteignons la Forcella Venegia. Les choses se corsent, la pluie est plus forte et quelques coups de tonnerre déchirent la montagne. L’itinéraire s’élève ensuite sous la croupe, nous poursuivons vers le Passo di Venegiota où débute un itinéraire plus technique. Je me retourne vers Guillaume et Jo, jauge leur état de forme, considère le temps restant à parcourir, les mauvaises conditions et notre vitesse de progression. Je décide alors de faire demi tour.

Nous passons alors la nuit au rifugio Valles, l’un des meilleurs refuges des Dolomites à en croire certains refuges (bien aidé il est vrai par l’accès routier qui en fait plutôt un gîte d’étape). C’est vrai qu’il s’agit d’un bel endroit. Restauré dans les normes dans les années 90, le patriarche de 85 ans, avec sa longue barbe, y est quasiment né.

C’est un endroit désuet où se mêlent cyclistes, motards, randonneurs, moines et jeunes paysans des malgas (fermes) voisines. Cette affaire est remarquable et a su évoluer avec son temps. Le fils, la cinquantaine environ, veille au grain.

Le service est bien loin des standards que nous avons coutume de rencontrer et nous surprend par son efficacité. Les mets de grande qualité nous sont apportés par de jeunes serveurs vêtus comme des sommeliers!

Le 27, en l’absence de bus en ce dimanche, je discute avec les gérants et le grand père me propose de nous avancer en voiture jusqu’au Passo Rolle.

Le sentier des douaniers est bien tracé et permet de rejoindre facilement le Passo Rosetta et le refuge homonyme. Objectif de la journée atteint en évitant cette fois de prendre la pluie!

 

Le 28, nous traversons l’Altiplano en direction du glacier Fradusta que nous contournons pour atteindre le Passo delle lede. Il y a énormément de neige dans cette partie sud du groupe des Pale di San Martino.

 

Le sentier n’est plus visible car enfoui sous la neige. Je remonte plus haut pour rejoindre la crête qui s’incline vers le Passo delle lede car les névés, même en bonne condition pour être traversés par endroits  sont néanmoins très exposés, surtout à l’approche du col où la chute n’est pas conseillée.

 

Nous redescendons du col par un versant très caillouteux où nous attend une fastidieuse descente de 1000 mètres. Encore la pluie, nous trouvons le bivacco Manzio qui nous permet de nous abriter une bonne heure. A la descente, l’attention est de tous les instants car certaines parties sont très exposées et très glissantes avec cette pluie. Quelques belles salamandres semblent néanmoins apprécier l’endroit.

 

Nous parvenons enfin au refuge Treviso, niché à 1600 m d’altitude dans un havre de paix. Le gardien et également guide de haute montagne a réalisé quelques 8000 en Himalaya. Le refuge construit en 1897 est très chaleureux, d’autant que nous y sommes les seuls hôtes, avec Robert, un autre randonneur irlandais avec lequel nous nous retrouvons le soir au dîner.

Le 29, étant donné la pluie qui est intense, nous retardons le départ et profitons d’une accalmie pour rejoindre le Passo Cereda par un sentier valléen. Le choix est judicieux et le sentier de toute beauté.

Le 30 et les jours suivants nous devions nous engager dans le parc sauvage du Feltrine pour atteindre Feltre. Les conditions étant toujours aussi mauvaises et le terrain glissant, j’ai choisi de renoncer à cette dernière partie. Nous regagnons en bus le point d’arrivée, non sans une pointe de frustration mais cela va nous permettre de découvrir des merveilles italiennes : Feltre, Bassano del Grappa, Trento, le vignoble de Termine et Bolzano. 

 

Notre périple s’arrête donc près du but, mais nous avons passé du temps à visiter de belles églises, flâner dans les ruelles où à la terrasse d’un café ou déguster des merlot, pinot ou Lagrein (le cépage local).

Jo, le marseillais n’a pu résister à l’appel du Pastis, mais nos amis italiens ne connaissent pas trop les doses! 

 

 

Pont réalisé en bois par les chasseurs alpins à Bassano del Grappa, ville où l’on fabrique la Grappa. La visite de Bolzano et du musée archéologique vaut le détour. On y entrevois notamment la dépouille d’Otzi, l’homme des glaces ayant vécu il y a plus de 5000 ans dans la région et retrouvé en 1991 par un couple de randonneurs dans un glacier tout proche. Les objets et la science ayant permis de reconstituer sa vie y compris dans la dernière heure précédant sa mort sont tout simplement bluffants! 

 

1 réflexion au sujet de « Traversée des Dolomites entre Brixen et Feltre »

  1. Il y a trois ans j’avais fais avec Amaury la Via 1 des Dolomites, j’avais retenu des beau souvenirs. Malheureusement cette année le temps n’était avec nous, nous empêchant même d’apercevoir ces beaux paysages. Néanmoins je suis ravis de cette randonnée qui m’a encore apporté beaucoup de sensations quelques fois des peurs mais toujours maitrisées par un super Guide (Amaury). Celui ci a fait preuve de beaucoup de raison et d’humilité. En cela je le remercie et je lui dit a bientôt dans les montagnes. Ciao ciao Jo

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