Alpinisme en Patagonie – Fitz Roy – Voyage : Guides 06

Patagonie, à la conquète du Fitz Roy

Après notre petit séjour à la Piedra Parada, un petit trajet en bus de 25 heures nous dépose enfin à El Chalten, dernier village au pied des montagnes.

Nous comptons y rester un mois pour espérer avoir une ou plusieurs fenêtres météo de beau temps et pouvoir ainsi grimper sur les sommets mythiques de la Patagonie : Le Cerro Fitz Roy 3359m et le Cerro Torre 3128m.

A notre arrivée à El Chalten, nous avons la chance de voir le massif. Mais nous comprenons vite qu’on vient de rater un créneau météo, nous arrivons quelques jours trop tard !!

Le Fitz Roy à droite et le Cerro Torre à gauche.

Et oui le climat local est assez perturbé ce qui rend les ascensions sur plusieurs jours difficile. Situé sur la frontière Chilo-Argentine, la chaine du Fitz et du Torre forme une barrière entre le Hielo Continental (3ème calotte glacière du monde) à l’ouest et la Pampa à l’est.
Les vents d’ouest, caractéristiques du climat patagonien, sont particulièrement puissants et presque constants au niveau du massif, notamment en été. El Chalten est par contre bien protégé des précipitations et du vent venant de l’ouest par ces montagnes.

Du coup on peut grimper autour du village (petites falaises et pleins de blocs) quasiment tous les jours en attendant la venue d’une accalmie.

Le mauvais temps m’aura au moins permis de réaliser quelques beaux blocs. Un bloc majeur à la Vaca Muerte autour du 7c

Plusieurs fois par jours, nous ne manquons pas de regarder la météo et d’analyser les météogrammes. On ne veut pas rater le prochain créneau en faisant du bloc !

C’est comme ça que quelques jours après notre arrivée un créneau se profile…
Enfin ce n’est pas la fenêtre du siècle, il a bien neigé et il annonce 1 jour de beau sans vent puis le vent monte peu à peu pour atteindre jusqu’à 180 km/h !

Après beaucoup d’hésitations nous choisissons de partir pour le Fitz Roy par la Franco-Argentine (650m/6b+/A2) en mode ultra light. Cette voie est une variante de la voie Française de 1952 où Lionel Terray et Guido Magnone seront les 1er à atteindre le sommet ! une ascension remarquable pour l’époque.

L’objectif est de monter bivouaquer à la Silla au pied des difficultés la veille du meilleur jour pour faire l’ascension en profitant au mieux du créneau météo. Nous emportons donc 2 petits repas du soir, quelques biscuits pour le matin et 15 barres de céréales chacun….

C’est parti ! Nous partons très tôt d’El Chalten sous une pluie fine. La météo annonce une accalmie pour l’après midi et demain sera le meilleur jour.

Seulement, notre plan ne se déroule pas comme prévu et au bout de 5 heures de marches nous ne sommes plus sur de notre chemin. Nous avons sous estimé la marche d’approche et les cartes du coin sont plus qu’imprécises !

Après plusieurs heures d’errements dans la montagne nous sommes incapables de nous situer et décidons de bivouaquer pour attendre une éclaircie. Il neige et nous n’avons bien sûr pas emporté de tente…Pour une fois la couverture de survie sera bien utile.

Nous sommes vraiment dépités, le moral dans les chaussettes. Le sommet n’est pas gagné…. 

Le Lendemain, après une nuit peu confortable, c’est seulement vers les 10h du matin que le ciel se dégage enfin. L’espoir de faire le sommet s’est presque envolé. Nous réalisons notre erreur et décidons de monter au Paso Superior à 1950m, bivouac au pied de la face et laisser du matos pour une prochaine tentative.

Ça se dégage, on devine la face Est du Fitz Roy.

Nous arrivons vers les 14h au bivouac. Il fait grand beau mais toutes les faces sont plâtrées. La neige est vraiment molle et faire la trace devient vite épuisant. Il ne nous reste plus grand chose à manger. Bref ça sent de plus en plus le But !

Pourtant je n’ai vraiment pas envie de descendre bredouille et réussis à convaincre Deg de faire une tentative. En plus une cordée vient d’arriver au bivouac et nous apprend que le créneau météo s’est décalé d’un jour. Nous partirons à 23 heures pour tenter le sommet léger.
On mange notre dernier repas, on fait de l’eau puis nous allons nous coucher. Il ne nous reste plus que 4 barres de céréales chacun et quelques biscuit pour le petit déjeuner.

Cette fois le bivouac est confortable mais la nuit plus courte… 

La chance nous sourit, le regel nocturne à fait des miracles. A 3 heures du matin nous sommes à la Silla au pied des difficultés. Deg se lance dans la 1ère longueur, et ça commence fort ! Je laisse mon sac ici avec ma doudoune pour être plus léger. Ça va être dur !

Je remonte L1 au jumar pour gagner du temps.

Le jour se lève.

Toutes les fissures sont pleines de neige ou de glace. Les chaussons et le sac à magnésie ne serviront que pour une longueur.

Une belle voie de rocher…!

 Le dry tooling s’impose et Deg peut s’exprimer pleinement.

 La fatigue des jours précédents se fait sentir. C’est le combat dans chaque longueur mais on progresse petit à petit.

 

Dernier crux avant le sommet. Un peu d’artif nous permettra de passer. Bien joué deg !

 Il est 16h30, Sommet ! Heureux. J’ai du mal à y croire ! 

Derrière, de gauche à droite au centre, le Cerro Torre, Torre Egger, Punta Herron, Aguja Standhardt.

Le Hielo Continental, immense !!

Nous ne tardons pas au sommet, le vent commence à se faire sentir. Ma dernière barre de céréale est avalée depuis longtemps… Nous sommes de retour au bivouac à 22h30 après une longue série de rappels. Je m’endors rapidement en rêvant d’un hamburger, j’ai faim !

Le lendemain, après 6 heures de marche toujours sans nourriture, nous sommes de retour à El Chalten. On enchaine rapidement restaurants et bières. Le mauvais temps est de retour, j’espère seulement qu’il va durer quelques jours…..! 

 

8 réflexions au sujet de “Alpinisme en Patagonie – Fitz Roy – Voyage : Guides 06”

  1. Splendide, Bravo pour ces Hamburgers/bières bien mérités!
    Ca fait rêver quand on voit cela du travail 😉

    Ben, a bientôt pour une  »aventure » sur Cham ou les AM ?

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  2. BRAVO messieurs!
    Vous n’y croyiez plus et pourtant…L’arrivée au sommet devait avoir un goût bien particulier…C’est cette émotion là que je vous envie!
    Et je me doute que c’est encore plus beau en vrai?
    Veinards va!
    Isa

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