Alpinisme estival dans le Mercantour : Arête NNW du Grand Capelet (500m, AD+)

Yannick a enfin pu parcourir la formidable arête NNW du Grand Capelet ce mercredi 23 juillet 2025. C’est un projet ancien qui enfin se réalise, véritable morceau de choix pour l’alpinisme dans le Mercantour.

L’éloignement de la chose, entre Gordolasque et vallée des Merveilles, et la longueur de l’itinéraire, près d’1km d’arête et 500m de D+, suggèrent une journée tout en longueur. Nous adaptons le timing en conséquence, et c’est donc assez tôt vers 7h que nous croisons le lac Autier :

Face à nous 5 des 8 principaux pitons cisellent le bleu du ciel azuréen. Le plus petit à droite, au droit des névés, culmine à 2866m. Il s’agit de la pointe Vernet en hommage aux frères Georges et Jean Vernet, illustres alpinistes, géologues (Jean surtout) et résistants communistes niçois (Georges mourut déporté à Dachau en 1944). Ce sont eux qui à l’été 1922 parcourent pour la première fois l’arête NNW du Grand Capelet. Ils débuteront par la petite brèche au soleil, entre la petite première pointe et la grande seconde :

Yannick nous montre le chemin :

Aujourd’hui, sur les traces de la cordée Bourdoncle-Gounand en 1970, il est plus commun et intéressant de chevaucher cette échine dans son intégralité et au plus proche de son fil. Le départ s’effectue donc depuis le point le plus bas, ici :

Une fois le socle franchi, il faut escalader le fil de la première pointe. Un court passage de 5a, plus difficile mais bien protégé par un universel à la brillance éclatante, permet d’en atteindre le sommet. Yannick a littéralement randonné :

Très vite, l’ambiance devient aérienne. En bas, le lac Autier commence à se faire petit :

La descente d’une des pointes nécessite un petit rappel ou une désescalade un peu plus technique que les autres. Il y a vraiment de tout et pour tous les goûts sur cette arête !

L’escalade la plus marquante est celle de la dalle noire. Pour y accéder, on est contraint de quitter le fil pour grimper un beau dièdre 8m à droite. Sur cette photo, on constate que les prises se font rares sur le fil :

Yannick sort du dièdre de contournement pour prendre pied à la base de la terrible dalle noire :

Cette dalle n’est pas le passage le plus difficile intrinsèquement, 4c tout au plus. Par contre, elle est impressionnante. Vues du bas les prises sont invisibles et le cheminement, car ça chemine pas mal, ne saute pas aux yeux. La fameuse, vue du haut :

La dalle noire marque la fin des principales difficultés. La suite devient plus roulante. Pour accéder à la cime du Muffié, nous sommes contents du choix que nous avons fait en restant toujours proche du fil (possibilité de contourner à gauche). Ceci offre une belle section d’escalade sur un excellent rocher :

Et aussi, la traversée d’un petit rasoir très esthétique :

La sortie au sommet sur fond, de gauche à droite, d’Argentera (3297m), Gélas (3143m), Malédie (3059m) et Clapier (3045m), s’effectue toujours sur le fil. Le rocher change et permet, chose rare, de grimper sur des arkoses :

Traditionnel autoportrait des ascensionnistes du jour pris au sommet. Ici, celui du Grand Capelet à 2935m d’altitude, sacrée montagne !

Nous choisissons de descendre par le pas des Conques histoire de faire la boucle. L’absence de sentier accentue l’aspect sauvage des lieux :

A droite la barre Clause attire continuellement notre attention. Ses parois d’arkose ne demandent qu’à être grimpées. Pas moins de 6 voies les parcourent, dont « Daricole et Bolivar » ouverte en 1993 par Jean Capitant et Olivier Morisot. Et pourtant, elles tombent doucement dans l’oublie. Avis aux amateurs d’aventures reculées encore plus loin des foules dans un Mercantour pourtant, déjà très peu fréquenté :

Merci Yannick pour cette belle journée d’été, presque seuls au monde à quelques encablures de la Côte d’Azur. Un projet de longue date concrétisé qui se range désormais dans la case des beaux souvenirs.

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