Traversée des Ailefroide

Mardi 23 août 2022, avec Cédric nous avons parcouru la traversée intégrale des Ailefroide, une superbe course d’alpinisme classique avec des points de vue fantastiques.

Après avoir parcuru les 1400 mètres de dénivelé de l’Ailefroide Orientale 3947m, de nos jours plutôt Peu Difficile, il faut accepter de s’élancer dans cette incroyable chevauchée de 1,3km de long!

Cédric quelque part entre l’Ailefroide Centrale 3927m et l’Ailefroide Occidentale 3954m.
Plutôt sur la gauche : la Meije 3983m, au centre la Barre des Ecrins 4102m puis au fond le Mont-Blanc 4808m :

Nous avons quitté le refuge du Sélé à 03h35.
Un peu avant 07h nous avons droit à un superbe lever de soleil. Vers l’ouest, la plus haute montagne ce sont les Bans 3669m :

Au sud, des sommets moins emblématiques : Pointe de Celse Nière 3429m, Pointe Guyard 3461m et la Pointe du Riou Blanc 3404m :

Les mêmes sommets et au fond à gauche le Viso 3841m :

Vers 07h30 nous ne sommes plus très loin du sommet de l’Ailefroide Orientale 3847m, la traversée des Ailefroide se dévoile en partie de la Pointe Fourastier 3904m à l’Ailefroide Occidentale 3954m:

Nous prenons de la hauteur au fond le Sirac 3440m et les Bans 3669m :

Quel sensation étrange d’entendre le crissement de la neige en cet été caniculaire :

08h nous arrivons au sommet de l’Ailefroide Orientale.
Nous avons mis 04h30, la marche d’approche est terminée, la traversée intégrale des Ailefroide est devant nous :

Du sommet de l’Ailefroide Orientale en regardant vers le nord-ouest :
– l’Aiguille du Plat de la Selle 3597m,
– la Barre des Ecrins 4102m :

Au nord la Barre des Ecrins 4102m et tout au fond le Mont-Blanc 4808m :

Prochaine étape, la Pointe Fourastier 3904m qui vue d’ici a fière allure :

Une petite arête de neige :

Et nous voici au pied du premier obstacle, le Grand Gendarme Noir :

Il faut plutôt rester près du fil.
En commençant par un pas physique au départ V, nous gravissons le Grand Gendarme Noir en 3 jolies longueurs en IV+ de 20/25 mètres :

Après le Grand Gendarme Noir commence le parcours sur le fil proprement dit :

La Pointe Fourastier se rapproche :

10h30, Pointe Fourastier, la traversée des Ailefroide prend forme.
Nous avons mis 02h30 depuis l’Ailefroide Orientale. Cédric tout sourire les passages plus grimpants sont derrière nous. Nous allons en profiter pour faire une pause.
La vue est fameuse, le Pelvoux 3943m, le Pic Sans Nom 3913m et l’Ailefroide Orientale 3847m :

L’Ailefroide Centrale 3927m n’est pas très loin. Mais mon regard est attiré plus bas dans le versant nord de l’Ailefroide et inopinément surgit une émotion…
La tourelle vers le centre de la photo et à la limite de l’ombre et du soleil, c’est sur l’arête de Coste Rouge et c’est là qu’avec Laurent nous avions bivouaqué en 1992. Ma première nuit en paroi pour une aventure initiatique qui avait marqué à jamais mon parcours d’alpiniste. « Costerougien », un grade qui se mérite… :

En fonction des passages il faut jouer avec le fil et un versant ou un autre.
Là vient un passage suspendu dans le vide, heureusement aujourd’hui facile à protéger avec des friends :

Le passage suivant se franchit facilement…assis face au vide :

Un petit tour en face nord :

Décidément ce parcours est émaillé de souvenirs! Au premier plan sur ces terrasses pierreuses, dans le cadre d’un stage initiateur alpinisme FFCAM, en 2012 nous avions bivouaqué à une dizaine :

Trève de rêveries, la chevauchée interminable se poursuit :

11h30, sommet de l’Ailefroide Centrale, nous avons mis 1h depuis la Pointe Fourastier :

Après notre seconde pause c’est reparti, l’ambiance est toujours géniale :

Vue de là, l’Ailefroide Centrale se détache crânement :

Après le rappel de 26 mètres (pas 40 mètres comme indiqué dans le topo), qui permet d’atteindre la Brèche de Coste Rouge située derrière Cédric, le rocher demande plus de précautions. Un peu de fatigue aidant, nous en profitons pour ralentir le rythme :

Quelques passages aériens égayent encore l’ascension :

Nous parvenons au sommet de l’Ailefroide Occidentale à 14h25.
De l’Ailefroide Centrale nous avons mis 02h40, de l’Ailefroide Orientale 06h30.

Des brumes nous coupent l’envie de prendre des photos. Après une bonne pause casse-croûte, nous continuons l’arête jusqu’à l’antécime ouest 3930m. Quelques mètres plus loin nous plongeons dans la voie normale de l’Ailefroide Occidentale, c’est la 3ème partie et une autre aventure commence : la descente de l’Ailefroide!

A priori ce n’est pas très enthousiasmant mais voilà, la voie normale de l’Ailefroide Occidentale ça ressemble à ça, des lieux d’une grande sauvagerie d’où il faut bien se sortir :

En 2018 j’avais écrit ceci, corrigé avec quelques mises à jour 2022 :

Voie normale de l’Ailefroide Occidentale, à la descente, suivre l’arête jusqu’à l’antécime Ouest 3930m de l’Ailefroide Occidentale qui se caractérise par un vilain tas de pierres blanchâtres. Continuer encore quelques dizaines de mètres sur l’arête avant de basculer dans la face Sud-Sud-Ouest, désescalade peu difficile en mauvais rocher.

L’idée principale à toujours garder en tête est de descendre tout droit sans se laisser attirer par les lignes obliques à droite.

Se réfugier rapidement sur l’avant dernier éperon le plus à gauche, malgré les apparences ça passe toujours bien, quelques caïrns épars.
A la grande terrasse inclinée, viser l’éperon quasiment en face, marqué par un emplacement de bivouac.
A nouveau ne pas se laisser attirer vers la droite (rappels pour rejoindre le glacier avant Brèche des Frères Chamois), continuer tout droit, fil d’arête (caïrn) puis zigzaguer à gauche à droite jusqu’à la terrasse finale.
02h.

Traverser à droite et descendre au mieux. En fin de saison, suite au retrait glaciaire nous avons franchi une barre récalcitrante par un rappel de 15m.
Après le névé restant, aux dômes rocheux obliquer à droite, puis aux domes rocheux suivants descendre en rive gauche de la petite gorge. Terminer en obliquant gentiment vers la gauche pour franchir la dernière moraine et atteindre le Vallon du Sélé.
02h jusqu’au refuge du Sélé 2511m.

 

En d’autres temps et d’autres lieux : « terre se serait exclamé la vigie ». L’analogie vaut ce qu’elle vaut, mais bon l’esprit reste le même, la descente a déjà été longue et éprouvante jusque là mais une lueur d’espoir apparaît : le refuge du Sélé est en vue!

Et même un peu plus loin des traces récentes d’hominidés ayant dormi là!

15h15 de course, à 18h50 nous arrivons au refuge du Sélé, juste à l’heure pour le repas. Merci à Sophie qui prend brillament la relève de l’inénarrable Raoul!

Bravo Cédric pour la réalisation de cette aventure lumineuse gagnée à la sueur de nos fronts.

 

8 réflexions au sujet de “Traversée des Ailefroide”

  1. La mythique ascension de Coste Rouge, et son bivouac initiatique : attends voir un peu…mais mais mais…c’est que j’y étais
    Le Laurent en question de l’époque qui te fais de grosses bises bien poilues
    Bravo à la cordée, quel timing !

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  2. J’en ai le souffle coupé. Époustouflant!!
    Voilà de vrais alpinistes!
    Pour avoir beaucoup fréquenté les Écrins je suis consternée de voir comme le glacier de la Barre des Écrins a bien fondu. Merci pour ces belles photos et de l’exploit….

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  3. « Comme si on y était ! » Merci de permettre à ceux et à celles qui n ont pas pu s ‘ approcher à ce point des  » ailes froides  » de se sentir aussi près de la Haute Montagne.
    Magie des mots si bien utilisés par Vous pour Nous emmener si haut.
    Grazie!

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