Immersion au cœur du Verdon et de son histoire : ascension du pilier Gousseault (280 m, 6b+, A2)

Les 23 et 24 décembre 2019, avec l’insatiable Olivier VIGOUROUX, nous avons eu la chance de parcourir l’un des itinéraires historiques du Verdon: le pilier Gousseault.

Cette voie, ouverte en 1973 par M. Barthassat, J.L. Desplaye et S. Mendola, chemine astucieusement autour du fil d’un esthétique pilier de la paroi de l’Escalès. Le nom de « Gousseault » lui a été donné en mémoire de l’alpiniste et guide Serge Gousseault. A presque 24 printemps en février 1971, celui-ci mourut d’épuisement en face Nord des Grandes Jorasses, stoppé 90 m sous le sommet lors d’une tentative d’ouverture hivernale en compagnie de René Desmaison (342 heures dans les Grandes Jorasses).

Olivier s’apprête a effectuer les 3 rappels d’ « Heure Zéro » pour rejoindre d’abord le jardin des bananes, puis le pied de notre voie. Ici, on commence par descendre pour pouvoir remonter (ou pas). Derrière lui, le pilier tant convoité se découpe parfaitement, que c’est motivant malgré les 70 km/h de vent !!!!

La voie est abritée du vent, ouff !!! Maheureusement son départ est mouillé par de nombreuses exsurgences, difficile d’être chanceux sur tous les plans…

Olivier s’élance dans la 1ère longueur. Nous préfèrerons remonter une voie moderne le long de la trainée claire de rocher sec. La première « vraie » longueur sur gollots (boulons) à cravater se déroule 3 m à gauche d’Olivier, au beau milieu de la coulée noire de rocher détrempé :

La même vue du haut :

Après avoir traversé le jardin de la mousson, Olivier se lance dans la 3ième longueur. D’abord un très beau mur (6a+) :

Puis une courte section d’artif avec un pas sur crochet :

La 4ième longueur commence par une traversée à gauche, avant de continuer par une section athlétique sur bonnes prises :

Olivier en termine, nous commençons à prendre de la hauteur, la vue sur le verdon se dégage :

Après quelques pas d’artif, la 5ième longueur nous conduit dans une zone de rocher douteux (zone de dolomitisation) :

Le départ de L6 est raide mais prisu. Heureusement qu’il se protège bien car la dolomitisation du calcaire y est fortement avancée, presque comparable à l’arénisation d’une roche cristalline (sympa pour le plagiste, moins pour le grimpeur…) :

La fin de cette même 6ième longueur vue du haut :

Rattrapés par la nuit dans la 7ième longueur, nous établirons notre petit bivouac au terme de celle-ci. Nous avons pu aménager une petite plateforme d’ 1 m² et installer un hamac pour passer une nuit relativement confortable à 2.

Le lendemain matin nous profitons d’un départ tardif pour laisser le soleil réchauffer l’atmosphère, et surtout pour prendre le temps d’apprécier les lieux. Le secteur est désert en cette veille de Noël. Nous sommes seuls en compagnie des vautours qui planent et quelquefois crient (fait assez rare pour être souligné). A cette époque, ils s’activent pour fignoler leurs nids. Sous nos pieds, en bas sur le planché des vaches, trois sangliers galopent dans les fourrés tandis que le Verdon coule comme toujours. C’est vraiment bon d’être là !

Après ce que certains nomment à juste titre « la danse du bivouac », nous voilà cueillis à froid. Nous commençons la journée par une longueur de 35 m relativement exposée car très peu protégeable en complément des 2 uniques pitons en place (L8). Pour en venir à bout, il faudra accepter de cheminer sur une dizaine de mètres sans protection dans un mur raide gris/orange énigmatique (6b à condition de ne pas faire d’erreur de lecture). Sacrés anciens, il fallait oser !!!! Et de surcroît probablement sans chaussons, et peut-être même en chaussures Galibier Super Guide…

Olivier sur la fin de cette longueur étonnante :

La longueur suivante, la 9ième, est plus classique car elle suit une fissure évidente avant de forcer un mur sur gollots à cravater, quelques pitons à compression et pas sur crochets. C’est un vrai régal à grimper (en mode « ferrailleur » bien sûr, environ A2 sur près de 40 m) :

S’en suit une courte longueur, la 10ième, avec un départ en libre puis une section d’artif pour sortir au relai. Cette longueur est parfois uniquement cotée 7a dans certains topos, pourquoi pas… mais il faudra sacrément bien sérer les prises pour pitonner et cravater du gollot :

La même vue du haut, le rocher devient carrément irrésistible :

Olivier continue de « ferrailler » dans une traversée de 15 m. Ce passage est aujourd’hui facilité et protégé sur quelques mètres par le croisement d’une voie récente. Au bout de cette traversée, il s’élancera en libre dans un superbe mur gris à gouttes pour rejoindre la mythique « Fête des Nerfs ». Un passage relativement exposé au niveau duquel il faudra accepter de s’élever loin, loin au dessus du dernier boulon :

La 12ième est dernière longueur est un superbe 5sup, raide et à très bonnes prises. Olivier, vu depuis L12, sent la fin arriver et pourtant il en redemande encore ! Bonne pioche ce beau pilier !!!

Nous nous sommes régalés lors de ce petit voyage à la verticale. Vivement le prochain !

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