Mont Blanc, Arête des bosses à la journée du Crozat

Samedi 18 juin 2022, avec Baptiste et Benoît nous nous sommes retrouvés pour parcourir la voie « royale » du Mont Blanc à la journée depuis le parking du Crozat. Nous sommes partis à 1h15 de 1405 mètres pour une petite escapade de 35 km et 3500 mètres de dénivelés positif et négatif…

La veille au soir, c’est l’ébullition au camp de base, il s’agit de bien évaluer la pertinence de chacun des grammes qui aura le privilège de nous accompagner là haut.

Chacun dévoile ses stratégies pour un peu plus de confort durant l’ascension. Le « petit truc » qui fera toute la différence.

Allé c’est pas tout ça mais déjà 20h, il est temps d’aller faire un coucou à Morphée, réveil dans 4h30 … gloups !

La mise en route est toujours difficile au milieu de la nuit mais très vite, les premières sensations et nous atteignons le Nid d’Aigle à 3h.

La montée par l’alpage de l’Are se fait bien et se déroule dans un cadre préservé comparé à l’itinéraire des Houches. Bon c’est pas qu’on en profite des masses à 2h du matin mais il faut déjà penser à la descente !

Il est trop tôt pour se congratuler, on file vers notre deuxième balise, le glacier de Tête Rousse. La lune, qui se lève sur l’aiguille de Bionnassay, est encore presque pleine et la luminosité est démente.

On atteint Tête Rousse vers 4h15, déjà 1700 mètres de dénivelé. Après s’être équipés, on se met dans le flow des cordées du refuge pour traversée le Grand Couloir.

Lorsque nous atteignons l’autre rive du couloir du Goûter, il fait déjà jour. Il reste un peu de neige mais ça sent la fin ! Une petite gorgée de Contrex et on reste dans le rythme…

Cette rive gauche, bien nettoyée pour peu que l’on reste dans l’itinéraire, se remonte assez bien malgré le terrain moyen. Ben et Baptiste s’en sortent à merveille.

L’arrivée sur l’aiguille du Goûter est, malgré tout, toujours libératoire, on sort d’un éboulis médiocre pour entrer dans la volupté glaciaire.

L’arête de l’aiguille du Goûter est en fait la partie supérieure de la rive gauche du glacier de Taconnaz, le refuge du Goûter se situe juste dessous versant Bionnassay.

C’est le lieu de notre prochain ravito. Il est 7h. Baptiste nous surprend pendant la collation, on dirait que l’on vient de se réveiller … Les 2400 mètres de dénivelé déjà parcourus ont laissés des traces et ça fait du bien de faire le touriste au bar !

Il est bientôt temps de reprendre notre pèlerinage vers le « Grand Blanc ». Il ne faut pas mollir pour espérer passer le couloir du Goûter relativement tôt à la descente. C’est la principale contrainte horaire à garder à l’esprit.

Les pas commencent à se faire plus petits dans l’ascension du Dôme du Goûter. La déclivité n’est pas très importante mais régulière et l’effet de l’altitude commence à se faire sentir.

Heureusement, l’arête de Bionnassay, majestueuse, nous fait oublier l’effort et nous basculons vers le col du Goûter. La fin de l’itinéraire se dessine devant nos yeux…

La météo est dingue… On apprendra au débrief qu’un record de température aura été atteint ce jour là avec 10.4°C à 4750 m !

La montée à Vallot est épuisante en neige glace, il faut être vigilant sur le cramponnage mais ce n’est pas expo.

Arrivée au pied de la Grande Bosse, nous croisons un pote de Ben. Lui et son compagnon de cordée sont partis à 23h30 des Houches ! D’après eux, il nous reste 1h15 pour le sommet.

A 4600 mètres, après l’ascension des deux bosses, Ben est au bout de son effort. On évalue un peu les paramètres de l’équation : si on veut tenir un horaire correct et descendre dans de bonnes conditions, il est préférable de ne pas insister. Baptiste a encore la frite semble-t-il, on décide de tenter un aller retour sommet en mode express.

Cette année, l’apparition d’une large crevasse sur le faîte de l’arête des bosses a un peu changé la physionomie du passage qui suit. Nous décidons d’emprunter la variante directe plutôt que le détour en face nord. C’est un peu en glace mais la trace est correcte et il n’est pas nécessaire de cramponner comme Armand Charlet pour se sentir bien dans cette pente.

De retour sur le faîte, on fait péter le cardio pour éviter à Ben de trop se refroidir ! Il est 10h30 lorsque nous arrivons au sommet.

Baptiste a la maxi banane (et je la partage) pour son premier Mont Blanc. Il peut, il a marché fort !

Nous ne nous éternisons pas et retrouvons Ben environ 45 minutes après l’avoir laissé. Il s’est bien refroidi mais bientôt les sensations reviennent et nous finissons la descente en tee shirt à 4300 …

Nous retraversons le couloir du Goûter vers 14h. Un peu tardivement, mais l’activité rocheuse est encore relativement calme en ce début de saison.

Nous arrivons au Nid d’Aigle juste pour le dernier train (16h40) et décision prise pour Ben de se faufiler dedans, déjà bien solide d’être descendu si rapidement jusque-là dans un état de fatigue avancé.

Pour Baptiste et moi le défi continue pour rentrer à la voiture par nos propres moyens !

Le décor a bien changé et nous retrouvons le vert de l’alpage.

 

Un petit finish en mode trail qui nous fera arriver à 17h30 au parking après 16h15 de balade.

Après une petite douche et un enfilage hâtif des claquettes pour contempler nos pieds défoncés, nous retrouvons Ben à Saint Gervais pour refaire le match …

Une sacré aventure ou chacun aura su trouver ses limites, de nouvelles envies et objectifs en tête.

Un énorme bravo à Ben pour le combat et Baptiste pour sa frite, machine. Une cordée au top pour une belle manière de faire le Mont Blanc sans contraintes (ou presque) !

Ci-dessous un aperçu de l’itinéraire que nous avons emprunté, trace téléchargeable ici (merci Baptiste).

 

12 réflexions au sujet de “Mont Blanc, Arête des bosses à la journée du Crozat”

  1. Moi j’ai fait leMont-Bl anc avec Mr Lucien Balmat des Bossons en 1988 nous avions 54 ans et je le remercie beaucoup SALUT LUCIEN

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  2. Bravo pour cette très belle realisation. Dans les annees 70, mon frere Pierre Beghin avec Thierry Leroy avaient realise un beau projet aussi: depart de Grenoble a 18h apres le boulot, arrivee vers 20h a Saint – Gervais (alt 800m ), aller-retour au Mt Blanc ( dénivelé 4000m), puis retour à Grenoble à 8h du matin au boulot! Simplement pour le fun…

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  3. Merci pour le partage de ce fabuleux périple.
    On avait l’impression d’être dans vos traces en lisant ce récit.
    Vous nous vendez du rêve !

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  4. Il faudra tout faire de nuit bientôt vu le réchauffement… Une trace photo, il y avait de la neige en 2022… En tout cas très chouette reportage, ça dépayse !

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  5. Nous avo s eu un apport au Gollet (au dessus de St Gervais) avec une vue grandiose u Mont Blanc du Tacul à la Bérengère. Nous suivions les cordées du Mont Blanc de notre balcon. Moments passionnants. Merci à vous pour le récit de cette victoire, car notre maître en la matière ne se laisse pas gravir facilement. Un grand bravo

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