Directissime à la 3 (D, 400m) et paroi jaune (TD, 250m) à la Cougourde

Le 30 septembre dernier, avec Marc, sans le savoir nous avons profité une dernière fois du Haut-Boréon tel que nous le connaissions avant le déluge du 2 octobre. En grande forme, Marc souhaitait parcourir deux itinéraires à la journée sur le dos de notre bonne vieille Cougourde. Nous avons choisi deux des plus belles classiques du massif aux styles très différents :

  • la directissime à la 3, D, 400 m : fissures et dalles inclinées techniques dans une ambiance froide et ombragée (surtout de bon matin…) ;
  • la paroi jaune sur le cime 4, TD, 250 m : dièdres et murs raides physiques dans une ambiance chaude et lumineuse.

Ces deux itinéraires ont été parcourus entièrement pour la première fois par G. Demenge et E. Isch-Wall et divers compagnons, respectivement en 1960 et 1957.

Les esprits bienfaiteurs de la montagne sauvage nous ont accompagnés au cours de cette formidable journée :

En prévision d’une longue journée, nous sommes montés bivouaquer au Lac de Sagnes la veille. Quittant Vence vers 19h15 après une journée de travail déjà bien remplie, ce n’est que vers 23h que nous nous glissons dans nos duvets :

Le jour « J », le départ est matinal. Nous voilà à pied d’œuvre au départ de la directissime à la 3 autour des 7h. Les températures ont eu la très bonne idée de grimper elles aussi. Contre toute attente (cf. journée du 26 septembre), c’est donc en petit tricot que nous nous lançons dans l’escalade de la cime 3 :

C’est parti pour les 4 premières longueurs sur un gneiss 5 étoiles jusqu’au cairn Jeannel. L’escalade se déroule le long d’une ligne de fissures parfois entrecoupée de dalles (IV+) :

Derrière nous, le soleil fait timidement son apparition sur le caïre de l’Agnel (2937 m) et son gendarme (2789 m) :


Au dessus du cairn Jeannel, plus de fissures. Nous nous régalons dans les dalles de la 5ième longueur (IV+, équipement aéré) :

La 6ième longueur, celle du dos d’éléphant grumeleux, est du même acabit (IV). Marc, fort des enseignements acquis au cours du stage de la Formation Alpinisme de Guides06, se lance en tête. C’est une belle réussite.

« A tout à l’heure Marc, bon courage et surtout régale-toi bien ! »

« Oui oui… Merci. J’y compte bien (dès que j’aurai trouvé le premier point)! »

En effet, le premier goujon est un peu loin et caché derrière le fameux dos d’éléphant :

Marc au relai R6 au terme d’une escalade technique menée d’une main de maître :

La 7ième longueur change de style. Elle permet de varier les plaisirs le long d’une belle cheminée dans sa première moitié :

Le relai R7 s’effectue sur le fil d’une petite brèche effilée, à l’ombre d’une facette Nord. Il faudra être précautionneux vis-à-vis de l’état de stabilité des blocs environnants. Marc à R7 :

La 8ième longueur est la plus difficile de la voie (V). Elle est difficile mais non obligatoire car il s’agit d’une variante. L’itinéraire d’origine s’échappe à gauche dans un terrain plus facile mais non-équipé. Marc aime la difficulté, c’est parti pour la variante en V :

Cette 8ième longueur permet de prendre pied sur une large arrête qu’il suffit de suivre pour atteindre le sommet de la Cime 3 (quelques pas de IV) :

Nous voilà arrivés au sommet de la cime 3 au terme de notre première escalade de la journée. Bravo Marc pour cette première étape :

D’un côté, vue sur la cime 4 de la Cougourde, objectif de notre seconde escalade à venir :

De l’autre, vue splendide sur le toit du massif, l’Argentera (3297 m) :

Au terme de notre désescalade du couloir entre la cime 2 et la cime 3, nous rencontrons une vieille étagne borgne et solitaire qui a eu la courtoisie de nous indiquer la suite de notre chemin:

Sur ses bons conseils, nous longeons la face Sud-Est de la Cougourde jusqu’au pied de la cime 4:

Nous atteignons rapidement le pied de la paroi jaune. Celle-ci doit son nom au Rhizocarpon geographicum, un lichen de couleur jaune, saxicole, héliophile et surtout fan de dévers, tout comme nous en somme :

Après une courte pause déjeuner, ô combien délicieuse grâce aux succulents petits mets niçois concoctés par un cuisinier hors-pair (un grand merci Marc pour tes pans bagnats, pissaladières, soccas, tourtes aux blettes, quiches, etc.), nous nous lançons à l’attaque d’un dessert de taille, d’une sacrée pièce montée haute de 250 m. Les deux premiers étages se mangent en une seule grosse bouchée. En effet L1 et L2 se couplent assez naturellement pour un ensemble de III avec quelques pas de IV sur 55 m :

Notre 2de longueur, la 3ième sur les topos, commence par un court mur pêchu en V. Marc en forme s’en sort très bien :

Marc en termine avec cette même longueur et la paroi se redressait encore :

S’ensuit une longueur MA-GNI-FI-QUE ! Un V+ de toute beauté qui à lui tout seul vaut les deux heures de marche d’approche. La première partie traverse à gauche sur des écailles en or. L’escalade est physique :

La deuxième partie remonte un dièdre parfait tout en continuité. Il faudra le grimper à l’économie avec des placements optimums pour en voir le bout :

La longueur suivante (la 5ième sur les topos) change de style. Quelques mètres sous le relai, elle présente un court passage bloc en 6a au niveau d’un bombé, intrinsèquement le plus difficile de la journée :

Marc commence enfin à légèrement fatiguer. C’était à se demander à quoi d’autre que les pans bagnats et la sur-motivation carburait cette machine. Une petite pédale lui sera nécessaire pour se rétablir :

Deux autres longueurs seront nécessaires pour nous déposer sur le fil de l’arête Sud-Ouest que nous suivrons jusqu’au sommet de la cime 4, comme sur un nuage au sens propre comme au sens figuré :

Finalement, hormis cette vieille étagne croisée quelques heures plus tôt, nous n’étions pas si seuls dans ce petit coin de paradis. L’esprit bien veillant de cordée nous a accompagné tout au long de cette journée inoubliable :

Merci Marc pour le partage de cette formidable journée dans les montagnes du Mercantour. Un petit marathon à notre échelle qui en appelle beaucoup d’autres !

 

 

 

1 réflexion au sujet de « Directissime à la 3 (D, 400m) et paroi jaune (TD, 250m) à la Cougourde »

  1. Très beau résumé !
    C’était tellement bien que nous aurions bien continué sur la lancée,
    encore et encore, mais gardons de l’énergie pour la suite ….

    Marc .

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