Alpinisme facile et sauvage à Gialorgues : Traversée Cime Dieudé-Defly (ou Delfy) – Pointe Côte de l’Âne

Le vendredi 26 septembre 2020 nous avons passé une superbe journée en compagnie de l’intrépide Nicolas. Afin de parfaire l’expérience grandissante de Nicolas en terrain raide et aérien, nous avons parcouru les tours de grès d’Annot mais de Gialorgues.  Au total nous nous sommes délectés de quatre sommets insolites, très peu fréquentés pour certains : Cime Dieudé Delfy (2735 m),  Bec du Château  (2800 m), Fort Carra  (2880 m) et Pointe Côte de l’Âne (2916 m).

Nicolas fait du stop plein gaz au sommet de Fort Carra (on ne sait jamais…), sur fond de lacs de Gialorgues et de Cime de Pal (2818 m):

La montée dans le haut vallon de Gialorgues est de toute beauté. La lumière automnale sublime le plateau de Gialorgues et sa tourbière (la Sagne) tout juste sortis de l’ombre :


Nous quittons le sentier de randonnée juste avant d’arriver à la bergerie et le refuge FFCAM de Gialorgues. D’ailleurs, les quatre patous qui gardent le troupeau blotti devant la bergerie nous ont gentiment rappelé qu’il était temps de bifurquer. Nicolas tourne le dos aux chiens sur fond de Pointe de l’Escaillon (2740 m) saupoudrée :

Face à lui, la traversée du jour avec de droite à gauche : Cime Dieudé-Defly, Bec du Château, Fort Carra et Pointe Côte de l’Âne :

Les quatre mêmes se rapprochent doucement. La marche d’approche est particulièrement plaisante au matin de cette glaciale journée d’automne :

Voici de tracé que nous emprunterons dans la première partie de notre traversée : épaule Sud-Est de la Cime Dieudé-Defly par un large couloir herbeux, contournement et ascension en aller-retour par le Nord de celle-ci, contournement par le Sud du Bec du Château et remontée à la brèche du Bec par un étonnant couloir oblique caché, ascension en aller-retour par l’Ouest de ce dernier depuis la brèche. Sur la photo, la brèche du Bec est à gauche du Bec du Château. Curieusement, la brèche bien marquée au centre, entre le Bec du Château de la Cime Dieudé Delfy, n’a pas de nom. Belle mise en bouche !

Nicolas à l’approche de l’épaule de la Cime Dieudé Delfy, les pentes herbeuses sont raides, mieux vaut savoir marcher :


Nicolas, bien entraîné, débouche rapidement sur l’épaule. Derrière lui, la Cime de Dieudé-Defly premier sommet de la journée, à gauche le Fort Carra et l’arête que nous emprunterons :

Au pied côté Nord des rochers sommitaux, nous nous équipons pour l’escalade. Celle-ci commence par en court ressaut en II :

La voie normale est très astucieuse. Le premier ressaut franchi, il faut suivre la première vire vers la droite jusqu’à l’aplomb de la brèche innommée entre la Cime Dieudé-Delfy et le Bec du Château. Là, le passage clef de l’ascension permet de franchir le second ressaut, belles fissures en III :

Rétablis sur la seconde vire, nous la parcourrons jusqu’à son extrémité gauche matérialisée par un  caïrn…  Non, que dis-je ? UN ESCABEAU ! Celui-ci est fort utile, à la montée comme à la descente, pour franchir le troisième et dernier petit ressaut :

A l’approche du sommet le vide se creuse. La perspective plongeante sur le Trou de l’Âne est géniale :

Nicolas lève le pouce. Il confirme de cette manière qu’il ne s’agit bien que du premier sommet de la journée. Derrière lui se dressent les deux suivants, le bien nommé et impressionnant Bec du Château et le célébrissime Fort Carra :

La vue sur la Haute-Ubaye enneigée depuis la Cime Dieudé Delfy… waouh ! Le vallon de Gialorgues mi-ombre mi-soleil est à nos pieds :

A noter que le nom « Dieudé-Delfy » résulte probablement d’une erreur d’orthographe de la part de l’IGN. Il s’agirait plus certainement de « Dieudé-Defly« , nom d’une ou plusieurs familles niçoises dont certains membres étaient des notables : le sénateur Charles Dieudé-Defly de 1876 à 1884 (son petit fils se tuera dans la Gordolasque en juillet 1937), l’architecte Auguste-Vincent Dieudé-Defly à qui nous devons la prison de Nice et une partie du palais des rois sardes, etc. Une rue à Nice s’appelle d’ailleurs Defly près du boulevard Carabacel. Le lien entre le nom de ce sommet et le nom de cette/ces familles niçoises reste à déterminer.

Pour ceux qui auraient la bonne idée d’aller visiter la Cime Dieudé-Delfy / Dieudé-Defly, voici le tracé de son escalade  en rouge (escabeau matérialisé en blanc). En tiretés jaunes, un passage plus direct permet de rajouter un peu de piment à l’escalade du deuxième ressaut (IV avec un piton en place à la sortie) :

Une fois redescendus de la tour atypique de la Cime Dieudé Delfy (à droite de Nicolas sur la photo), nous contournons le Bec du Château par le Sud :

Après avoir emprunté un couloir caché (cheminement improbable), nous prenons pied à la brèche du Bec afin d’aborder l’escalade du Bec du Château par sa facette Ouest :

L’escalade consiste à franchir deux ressauts d’une douzaine de mètres en III et III+. Au sommet à gauche du premier ressaut, vous trouverez une lunule. Au sommet à droite du deuxième ressaut, vous trouverez un piton, une lunule et un mousqueton posés le 17 août 2014 par le guide Stéphane BENOIST. Voici le tracé en rouge de l’itinéraire que nous avons suivi :

C’est parti pour le premier ressaut, le grès est très bon :

Nicolas aux prises avec le grès d’Annot dans l’escalade du premier ressaut de la voie normale du Bec du Château (III) :

Puis dans le second ressaut (III+) :

Deuxième sommet de la journée pour Nicolas qui, d’un côté, nous montre d’où nous venons, Cime Dieudé Delfy  :

Et de l’autre, où nous allons, Fort Carra :

Voici l’arête et le tracé que nous emprunterons pour rejoindre Fort Carra depuis le Bec du Château :

Quelques pas d’escalade sont nécessaires sur cette arête. Derrière nous nos deux premiers sommets, le Bec du Château :

Le Bec du Château et la Cime Dieudé Delfy :


Au terminus de l’arête nous accédons au pied des rochers sommitaux de Fort Carra. Depuis là, nous les contournerons par la droite, côté Nord, afin de rejoindre la voie normale. La belle fissure visible sur la photo sera au menu d’une prochaine fois (la voie « Om Mani Padme Hum » y passe notamment) :

Dans le contournement côté Nord de Fort Carra :

Nous attaquons l’escalade de la sinueuse voie normale de Fort Carra (II). Malgré son cheminement tortueux, sa logique est implacable. Derrière nous, Pointe Côte de l’Âne quatrième et dernier sommet de la journée :

Il faut parfois savoir se faire petit…

Pour atteindre des sommets ! Nicolas sur le plateau sommital de Fort Carra, 3ième sommet du jour, il tourne le dos à la Pointe Côte de l’Âne :

Au sommet d’étranges figures d’érosion ne sont pas sans nous rappeler que tout est question d’équilibre :

Au Sud au premier plan la Cime de Pal (2818 m) et la Cime de Bolofré (2827 m) ont fière allure. Au fond à gauche, la tour de contrôle du Mounier (2817 m) n’a jamais aussi bien porté son nom :

Vers l’Est, l’énorme cairn de plus de 2 m du sommet :

La descente s’effectue par le même chemin. On rejoint ensuite la brèche de Fort Carra d’où la vu sur les sommets déjà parcourus est spectaculaire :

La montée à la Pointe Côte de l’Âne depuis la brèche de Fort Carra s’effectue assez facilement. Un unique très court ressaut exige quelques pas d’escalade. Ceux-ci sont grandement facilités par un escabeau en pierres sèches, un peu comme celui rencontré à la Cime Dieudé Delfy quelques heures plus tôt. Nicolas au sommet de la Pointe Côte de l’Âne, 4ième et dernier sommet du jour, en contrebas derrière lui le Fort Carra :

Comme la montée, la descente s’effectue dans de raides pentes d’herbe. Dré dans l’pentu, parfait pour préparer la saison de ski qui approche. Sur notre gauche, Cime Dieudé Delfy et Bec du Château :

Derrière nous, la très raide face Sud-Est de Fort Carra et, au fond, la Pointe Côte de l’Âne :

Dans ces montagnes sauvages et atypiques, nous avons passé une bien belle journée en ce début d’automne 2020. Nous espérons qu’elle en appellera beaucoup d’autres !

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