Face Sud-Est des Rouies : La Mafia (ED-, 800 m)

Au cœur de l’été, les 25 et 26 juillet 2020, en compagnie de l’alpiniste passionné Olivier VIGOUROUX, nous avons parcouru la voie de La Mafia en face Sud-Est des Rouies (2589 m). Nous avons pris beaucoup de plaisir au terminus de cette immense vallée du Valgaudemar !

L’un des géants du Valgaudemar ne nous quittera pas. Le Sirac (3441 m) et sa face nord au couché du soleil :

Après un certain nombre d’heures de route depuis Nice, nous montons presque à la fraîche pour passer la nuit au pied de la paroi. Outre le fait de réduire l’approche du lendemain, ceci présente l’avantage de pouvoir déchiffrer plus sereinement l’itinéraire.

La face vue du bivouac :

Olivier au bivouac 5 étoiles (et avec de l’eau à volonté) sur fond de Bans (3669 m, à gauche), Pic des Aupillous (3505 m), Pic Jocelme (et sa belle face Nord-Ouest au soleil, 3458 m) , vallon de Chabournéou et Sirac (3441 m) :

Les Bans (3669 m, à gauche), le Pic de Aupillous (3505 m) le Pic Jocelm (3458 m) :

Le soir venu, la montagne s’embrase pour notre plus grand bonheur :

La lecture de l’itinéraire effectuée la veille facilite notre départ dans l’obscurité de l’aube naissante. Nous attaquons par l’éperon Sud-Est dit Rébuffat (qui n’est pourtant pas l’auteur de la première). Il est aussi possible de commencer beaucoup plus à gauche par les 6 premières longueurs de la voie « Mille Blues » (6a+). Cette option semble relativement exposée au chutes de pierres.

C’est parti :

Le départ de l’éperon Sud-Est est une succession de vires, petits ressauts, courtes arêtes et petites brèches. En restant dans le bon itinéraire, l’escalade n’y dépasse pas le 4ième degré :


Après avoir laisser l’éperon Sud-Est sur notre droite et traverser des vires caillouteuses vers la gauche, nous buttons au pied de la paroi proprement dite. C’est très raide et très compact mais les cotations restent relativement modestes sur les 4 premières longueurs (5 sup max, la 1ère longueur mesure 80 m tout de même !).

Olivier s’élance avec l’enthousiasme qui le caractérise dans la 2de longueur :


Nous rencontrons quelques rares pitons. Mais globalement, dans cette partie, il faudra accepter de grimper assez loin au-dessus des protections (d’autant plus qu’il est difficile d’en rajouter) :

Au niveau d’Olivier le voie de la Rampe de 1970 (D+) s’échappe à droite :

Nous, nous traversons à gauche sur une petite vire à écailles d’une solidité toute relative :

Après cette traversée à gauche, il suffit de se laisser guider par la fissure/cheminée évidente qui lui fait suite, puis par des gradins en ascendance à droite (2 longueurs V- et IV). Ces derniers nous déposent confortablement sur une vire inclinée au pied des difficultés.

Au départ de la fissure/cheminée, ne pas oublier de bien choisir ses prises :

Afin de parfaire l’ambiance, le soleil nous quitte. Un brouillard et sa bruine nous accompagnent pour l’escalade des 4 longueurs suivantes. Il s’agit des longueurs clefs du bastion qui font toute la bonne réputation de cette voie. Olivier entame la 1ère par une traversée à droite peu protégeable. Le premier piton est vicieusement caché non loin des pieds d’Olivier :


Le rocher est super, chose assez rare pour être signalée dans cet Oisans sauvage. Une sorte d’encroûtement calcique lui confère une certaine solidité, un grain bien agréable, et même une chaude teinte orangée. Ce n’est pas sans nous rappeler le bon calcaire méridional ! Un peu comme à la maison, nous nous régalons d’autant plus.

Pour cette 1ère longueur clef, bien prendre le 2d dièdre/fissure comme sur la photo :

Olivier termine la 2de longueur clef par une courte mais néanmoins technique traversée à gauche. Il rejoint ainsi le R2 de cette section, seul relai particulièrement très inconfortable, et qui plus est entièrement sur pitons passablement douteux (avis aux bricoleurs) :


Ce petit veinard d’Olivier en repart presque sans s’y arrêter :

A la sortie de la 3ième longueur clef, juste sous R3 :

Nous n’avons pas de photo pour illustrer la 4ième et dernière longueur de cette section. Il faudra particulièrement prêter attention à sa sortie en évitant de se rétablir dans une belle dalle évidente en direction d’un spit piégeux bien visible. L’itinéraire emprunte une fissure peu avenante à droite de cette dalle (pitons cachés… décidément !).

Nous n’avons pas trouvé de réelles différences concernant la difficulté de ces 4 longueurs clef. Nous l’évaluons autour de 6b. En 1982/1983, Jean-Lou Botta, Franck Grand et Joël Vincent ont eu un sacré flair et une bonne dose d’audace pour les ouvrir. Le déchiffrage d’un cheminement astucieux dans ce bastion diablement compact est digne d’un « escape game high level » !

La suite est plus évidente. En deux très grandes longueurs (V puis IV), une rampe/vire oblique vers la droite nous dépose dans la partie terminale de la voie de la rampe de 1970 (zone moins raide sur une vague arête, au pied d’une grande tâche noire, relai sur gros becquet) :

Plus que son doigt, Olivier sent la fin approcher :

En deux grandes dernières longueurs (V puis IV) nous sortons de la face Sud-Est des Rouies pour déboucher sur l’arête Sud-Ouest.

Olivier dans ce qui sera l’avant dernière longueur du jour :

La toute dernière longueur vue depuis la sortie sur l’arête Sud-Ouest, trop beau ! Environ 1850 m plus bas, derrière nous, le chalet-hôtel du Gioberney (1642 m) :

Il faut compter un tout petit quart d’heure pour rejoindre le sommet des Rouies le long de l’arête Sud-Ouest. Nous veillerons à ne jamais trop nous écarter du fil (passages de III) :

Le sommet est en vue !

Après avoir dégusté l’excellente et trop méconnue tome de Barrême garantie 100% lait biologique d’ammonites, place à la drôle de manie du traditionnel « selfie » sommital :

Coutume d’autant plus étrange qu’en face de nous, sur le glacier des Rouies, la vue est magnifique même si la barre et le dôme des Ecrins préfèrent garder la tête dans les nuages :

Ce trop court passage dans le Valgaudemar avec Olivier ne peut qu’en appeler beaucoup d’autres. Vivement les prochains !

 

2 réflexions au sujet de “Face Sud-Est des Rouies : La Mafia (ED-, 800 m)”

  1. Superbe ! Quelle belle paroi, quelle raideur…
    J’espère qu’on te reverra faire de beaux compte-rendus dans le Valgaudemar ^__^

    A plus

    Laurent Morisot

    Répondre

Laisser un commentaire

WP2Social Auto Publish Powered By : XYZScripts.com