Mont Blanc, arête de l’Innominata

Des glaciers tourmentés, des aiguilles acérées, des piliers massifs, des arêtes joignant la vallée au ciel, des voies historiques, des bivouacs sauvages …

Il y a des coins de montagne qui, plus que d’autres, ne vous laissent pas indifférent. L’Envers du Mont Blanc est de ceux là.

Mardi 27 juin avec l’ami Man’s nous avons concrétisé ce projet que nous avions à l’esprit depuis quelques temps : parcourir l’Innominata et descendre en parapente.

L’année passée les conditions sèches ne nous avaient pas permis d’envisager la course plus sérieusement que cela. Cette année, les chutes de neige printanières, une météo stable, un vent modéré et un regel correct nous incitent à aller voir la belle de plus près.

Pour alléger un peu les sacs et bénéficier d’une nuit somme toute plus confortable nous préférons le refuge Monzino au bivouac Eccles comme point de départ de l’ascension.

La montée au refuge du Val Veny est courte mais c’est déjà bien suffisant pour nous rappeler à notre condition de petit être fragile au milieu des géants de l’Envers : la Noire de Peuterey, la Blanche de Peuterey, le Grand Pilier d’Angle, l’arête du Brouillard, les glaciers du Brouillard et du Frêney …

 

Après la collation de rigueur, fissa au plumard pour un levé prévu à minuit …

Le réveil n’est pas de la partie et c’est le Man’s des grands jours qui me sort du lit à 00h15 …

Après 2 tartines au pain sec et un café thermos des plus sommaires, nous voici en route sur le glacier du Brouillard. Fraichement tracé et plutôt bouché, on se met en mode auto et on finit tranquillement notre nuit. Le regel commence à être vraiment correct à 3400 m lorsque nous commençons à apercevoir les cordées qui sortent du bivouac Eccles.

Nous l’atteignons à notre tour et, avec la bonne info des collègues obtenue la veille au refuge, optons pour la variante par le glacier pour rejoindre le col Eccles. En effet, parfois ce passage est délicat, rappel et rimaye délicate si bien qu’on lui préfère la pointe Eccles. Ces jours ci, une petite désescalade du bivouac suffit à nous déposer sur la partie haute du glacier du Brouillard et au dessus de la rimaye en plus !

Le jour se lève et nous atteignons le col Eccles, il est 6h. C’est le départ à proprement parler de notre itinéraire.

Chaque minute qui passe laisse apparaître un nouvel élément du spectacle. Face à nous, le ciel s’embrase au dessus des Jorasses, une cordée se prépare doucement au col de Peuterey.

Les premiers décamètres sont en neige, c’est facile mais déjà bien gazeux, il faut se méfier des corniches mais la neige est en super conditions, bien dure, ça avance jusqu’à venir buter sous le bastion raide et son petit pas en V+.

 

Un cheminement astucieux tournant autour des difficultés et on en sort sur une lame de neige des plus photogéniques.

Nous quittons progressivement l’arête primaire qui vient buter sur un grand gendarme compact. Un passage de mixte et nous voici dans le grand couloir qu’il faut traverser pour rejoindre l’arête secondaire.

L’ambiance est démente dans ce couloir suspendu. La neige est béton et les mollets sont mis à rude épreuve. 2 piolets sont bien appréciables dans cette section.

L’arrivée sur l’autre rive du couloir est libératoire, on retrouve un terrain moins raide et l’arête du Brouillard semble à portée.

 

Nos prédécesseurs ont bien fait le taf et on apprécie les traces qui nous hissent tranquillement jusqu’à l’arête sommitale. Celle-ci est encore bien longue jusqu’au sommet. Du terrain facile mais après 2400 m de dénivelé et un petit vent de NW qui commence à nous atteindre, l’ascension se fait plus rude.

La plénitude du lieu contrebalance largement ces souffrances physiques et l’esprit jubile, nous voilà bientôt au Mont Blanc de Courmayeur, au col Major, à la Tourrette et puis c’est le sommet ! Lorsque nous regardons la montre, on est refait, il n’est que 13h …

Le temps d’un saucisson, nous analysons les conditions aérologiques. Il faut se rendre à l’évidence, le vent est trop fort, trop de travers, la visibilité n’est pas bonne, on attaque la descente sur les guibolles …

Guronzés par le sommet, nous avalons les 450 m de dénivelé qui nous séparent de Vallot en quelques minutes. Nouvelle évaluation : pas de vent, visi ok, pif paf pouf, nous voilà en l’air.

 

La voie des airs nous extirpent de notre condition de bipède maladroit et nous parcourons la descente des 3 Monts avec une certaine légèreté. 30 minutes plus tard, nous voilà à Cham et tout ceci n’est déjà plus qu’un souvenir qu’on savoure autour d’une bonne bière.


Matériel recommandé :

  • C4 0.3 – 1
  • Cablés
  • 4 broches
  • 2 piolets / pers
  • 1 brin de rappel de 60 m ou simple de 50 m

 

 

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